A Helsinki, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Paulina Tervo et Serdar Ferit, les créateurs de Lyfta. Ce fut l’occasion de découvrir l’approche unique de l’entreprise, et de mieux comprendre comment la réalité virtuelle pourrait devenir un outil d’apprentissage émotionnel.
Paulina et Serdar, deux anciens journalistes indépendants, sont convaincus de l’intérêt du storytelling dans l’éducation : une histoire est pour eux un procédé universel et concret, qui créé un sentiment de proximité naturel avec le narrateur en qui nous nous identifions. A travers des histoires virtuelles d’hommes et de femmes du monde entier, Lyfta souhaite ainsi enseigner un ensemble de compétences essentielles pour le développement et le futur de l’enfant, comme l’empathie, le civisme ou l’esprit critique, ainsi que des valeurs de tolérance et de respect.
Ils ont notamment développé « Dinnertime 360° », une série de documentaires interactifs qui permet de découvrir le vécu et la culture de différents personnages à travers un dîner. En réalisant une étude psychologique dans une école localisée au sein d’un bastion UKIP, ils ont pu observer l’impact de leurs histoires dans la lutte contre les préjugés. Dans cette étude, les enfants devaient classer un panel de 6 personnes d’origines différentes selon le degré de proximité qu’ils ressentaient pour elles. Si les personnes blanches trustaient initialement les premières places du classement, l’utilisation de Lyfta a montré des résultats intéressants : à la fin de l’expérience, les enfants ont placé Muhammed, un conducteur de taxi égyptien qui élève seul sa petite fille, en première position.
A travers des environnements 3D interactifs, dont la plupart sont également disponibles en réalité virtuelle, Lyfta permet également de renforcer l’engagement en recréant un sentiment d’exploration chez l’enfant. L’entreprise utilise notamment le caractère immersif de leurs histoires en tant qu’outil pédagogique, en développant des curricula pour les professeurs : à travers une approche qui s’inspire du phenomenon-based learning finlandais, Lyfta est utilisé en tant que sujet d’étude transdisciplinaire. D’autre part, ils s’intéressent également au potentiel de la réalité virtuelle pour faciliter l’éducation d’enfants qui présentent des difficultés d’apprentissage.
Le succès et l’originalité de leur solution suscite également l’intérêt du monde professionnel, qui souhaite expérimenter la réalité virtuelle dans leurs formations. Selon Paulina Tervo, cette technologie serait tout autant intéressante dans un cadre professionnel, notamment pour former les employés aux questions de diversité. A ce titre, Lyfta a d’ailleurs collaboré avec la Croix Rouge pour introduire la réalité virtuelle dans leurs formations, en créant des environnements immersifs et interactifs pour préparer leurs employés à la réalité culturelle d’un pays avant de s’y rendre.