Le jeudi 24 mai 2018, nous avons pu visiter le Future Class Lab en compagnie de Yumi Jeung, qui supervise les activités du Future Class Network. Ce fut l’occasion de découvrir ce réseau de professeurs innovants, qui militent pour faire évoluer la pédagogie conservatrice du système éducatif coréen.
La genèse de ce projet remonte à l’année 2013 lorsque Chanpil Jung, alors journaliste pour la chaine korénne KBC, réalise un documentaire à propos de l’approche pédagogique coréenne. Afin de faire évoluer un système éducatif public qu’il juge passif, vertical et théorique, il souhaite alors fédérer un ensemble de professeurs qui promeuvent des alternatives pédagogiques.
Ce projet abouti à la création de l’initiative « Keokuru Class », trois classes qui souhaitent adapter le modèle américain de la classe inversée à la réalité coréenne. Très vite, la réussite du projet suscite de nombreux espoirs, qui encouragent le FCN à diffuser le modèle au travers de workshops et de contenus pédagogiques digitaux. Depuis, plus de 19 000 professeurs ont rejoint le processus de formation et adopté la pédagogie inversée.
Fort de ce succès, le FCN a souhaité continuer son engagement à travers le « World’s Biggest Class », un projet qui souhaite réintroduire les compétences du 21ème siècle, connus également sous le nom des 5 Cs : créativité, esprit critique, collaboration, coopération et communication. L’idée de ce projet était de mobiliser les connaissances des élèves à travers de projets pour répondre à des problèmes de leur communautés. Par exemple, les enfants de l’école élémentaire d’Eojin trouver une solution à la surmortalité des oiseaux qui, aux abords de l’autoroute qui longe leur école, s’écrasaient sur des panneaux acoustiques translucides. En faisant appel à ce qu’ils avaient appris en cours de mathématiques et de dessin, ils ont alors créé des autocollants d’oiseaux pour rendre les panneaux visibles.
En 2017, le FCN a créé une école laboratoire pour expérimenter de nouvelles approches pédagogiques qui apportent des réponses pragmatiques aux besoins du secteur éducatif public coréen et promouvoir l’action du réseau. Dans ce lycée où les élèves ne sont pas séparés suivant leur âge, le programme de l’année n’est pas déterminé à l’avance : chaque élève détermine son propre curriculum en collaboration avec un tuteur, et choisit d’étudier des sujets qu’il rattache à des objectifs pédagogiques et des matières précises (interest-based learning). Au cours de l’année scolaire, les élèves ne suivent pas des cours théoriques, mais collaborent pour développer leur projet et sélectionnent les contenus d’apprentissages adaptés. A la fin de l’année, chaque enfant présente les conlusions de son projet lors d’un festival éducatif publique. Par exemple, nous avons pu discuter avec un élève qui, après avoir lu Sapiens, avait choisi de s’intéresser au lien entre intelligence humaine et artificielle en dressant un parallèle avec les paroles d’une chanson de K-pop.