Le lundi 21 mai, nous nous sommes rendus au Tata Institute of Social Science pour rencontrer le Dr Padma Sarangapani, qui dirige la Connected Learning Initiative (CLIx) en partenariat avec le MIT.

Depuis 2015, la CLIx développe des outils d’apprentissage digitaux et interactifs pour aider près de 110 000 lycéens indiens dans leur apprentissage de l’anglais, des mathématiques, des sciences et de l’informatique. Une rencontre qui fut l’occasion de mieux comprendre les spécificités de l’innovation pédagogique indienne, entre design frugal et scalabilité.

Afin de répondre efficacement aux limites d’un système éducatif relativement vertical et inégalitaire, qui repose plus sur la rétention d’un savoir que sur le développement de compétences, l’Inde regorge d’initiatives technologiques originales. Cependant, aussi innovantes soient-elles, les start-ups de la edtech indienne sont rapidement confrontées à un problème de taille : leur incapacité à proposer des modèles réplicables, qui puissent avoir une influence notable à l’échelle d’un sous-continent qui accueille chaque année plus de 290 millions d’élèves. Partant de ce constant, la CLIx a voulu inverser ce paradigme en plaçant la scalabilité au centre de leur design pédagogique, afin de créer des solutions adaptées aux réalités locales.

Confronté au sous-développement des infrastructures informatiques au sein des écoles, la CLIx a dû adapter ses réponses à la réalité indienne. Loin d’être un facteur limitant, ce fut l’occasion de développer un modèle de e-learning hybride et expérientiel, dans lequel le digital complémente un apprentissage tangible. Ainsi, les curricula développés par la CLIx sont centrés autour d’expériences et de jeux concrets, qui permettent aux lycées d’appréhender plus efficacement les concepts enseignés par l’action : par exemple, les enfants sont amenés à créer des jouets, utilisés comme support pour comprendre des notions scientifiques. Les outils digitaux sont pensés pour approfondir et consolider cette compréhension, notamment à l’aide de laboratoires virtuels.

Cette approche pleinement expérientielle est également pensée pour faciliter le développement de compétences sociales, des aptitudes essentielles mais néanmoins négligées par le système éducatif indien, comme les capacités de collaboration, de communication, d’esprit critique et d’empathie. L’apprentissage de l’anglais est notamment construit autour d’histoires dans lesquels les enfants peuvent se retrouver : par exemple, l’une d’elle les confronte à l’arrivée d’un étranger au sein d’un village enclavé et les invite à débattre collectivement à propos des préjugés et de la tolérance. Ainsi, l’apprentissage social et la collaboration sont au centre de l’approche pédagogique de la CLIX, et ce même pour les expériences digitales, dont les activités sont pensées de telle sorte que deux enfants collaborent sur un même ordinateur pour tirer profit de la contrainte d’un manque d’équipement.